samedi 30 avril 2011

Antifer

Avant de devenir l'Avatar du Chaos, Antifer (ou Antipher) était déjà un maître des arcanes fameux, sans doute le plus grand mage de son temps, et toutes les écoles de magie, même celles de l'Ordre, le révèrent avec Sarakholan et Gal-Dynnis.


Une représentation assez classique d'Antifer (l'armure est en métal sacré)

Antifer était un elfe hermaphrodite à la peau sombre. On sait qu'il est issu d'une tribu troglodyte, carnivore, et sélénite (adoratrice de la lune). Il ne semble pas avoir été de haute extraction et l'on ignore qui furent ses parents. La légende veut qu'il ait été initié par un dragon cavernicole (par la suite, il témoigna toujours du plus grand respect à cette race vénérable). Il s'illustra en revanche par sa férocité au cours de la guerre souterraine que son peuple mena contre les dives, les trolls et les monstres visqueux des cavernes humides. Les récits de ces hauts faits sont assez comiques et son surnom de "Farceur" date de cette époque où il prenait un malin plaisir à se déguiser et à se mêler à ses ennemis pour semer la discorde parmi eux. L'expression "Une de trop, farceur !" s'emploie encore couramment, quand on s'aperçoit qu'il y a une personne en trop à une réunion secrète et que l'on ne sait qui.
Mais il est surtout célèbre pour sa quête obstinée des savoirs oubliés et son travail de recollection des sortilèges. On lui prête la codification des cycles élémentaires du feu et des ténèbres, la fondation de la bibliothèque aléatoire de Koanirl (où des grimoires sont tirés au sort chaque décade pour être recopiés, réécrits ou brûlés), et celle aussi de l'école de magie de la Dalle (où les apprentis sont enfermés pendant onze ans). Alors qu'il est déjà très âgé et passe le plus clair de son temps sur le plan astral, il entend l'appel d'Ethel sous la forme d'un rêve lui enjoignant d'atteindre l'Arbre blanc "par les racines". Il comprend alors que ce fameux "arbre blanc" n'était rien d'autre que la traduction humaine du nom du magicien sylvestre Gal-Dynnis (le bouleau) et il chercha en vain à localiser la tombe de cet enchanteur disparu depuis près de mille ans. Epuisé, désespéré, il s'enfonça dans les entrailles de la terre pour y rejoindre son mausolé.
Lors de la révélation, Antifer émerge de la terre au pied de l'arbre, rajeuni et plus puissant et facétieux que jamais. La Geste rapporte ensuite les quêtes accomplies au côté de Whastor, Lydia, Barnabé et du Roi des voleurs. Il agit surtout par ruse, fait preuve de malice cruelle, parfois de grande libéralité. C'est aussi un séducteur et on lui prête une descendance avec les créatures étonnantes (araignées géantes, poulpeuses, dives et manticores !). Il apaise et endort bien des dragons au royaume de Shu.
Pendant le bref règne de la triarchie des Avatars, il est le premier à émettre des doutes sur la foi en Ethel : il considère, de façon assez contradictoire, que l'universalité de la foi exige de convertir toutes les créatures vivantes (Lydia l'approuve) ou de les détruire (Whastor l'approuve), mais qu'il faut tolérer le culte de certains esprits démoniaques (Lydia ne tolère que les Animaliers et Whastor aucun culte dissident). Son message politique devient alors contradictoire : fondamentalement anarchiste (jusqu'à encourager la révolte contre la triarchie), il défend plutôt la démocratie, mais aussi un despotisme éclairé. Il justifie surtout la révolte contre l'ordre établi, qui masque les conflits. Cet activisme lui vaut la méfiance précoce de la prudente Lydia. Il diffuse ensuite sa fameuse doctrine de l'équivocité radicale du message d'Ethel, ce qui achève de le brouiller avec Whastor. Ses déclarations finissent par devenir de plus en plus étranges, comme sa dénonciation des rêves illusoires (qui s'achève ainsi : "Le Chaos n'est qu'un rêve et je ne sais pas le rêver"), son acceptation des calomnies diffusées sur son compte ou son éloge des gnomes, qui auraient raison de ne pas croire en la magie...
Après son retrait souterrain, Antifer a du continuer d'intervenir dans les destins des royaumes civilisés sous des apparences fallacieuses (en tant que Farceur) mais cela est difficile à établir avec certitude.

vendredi 29 avril 2011

Avatars

Depuis le temps que je cherchais à raconter mes souvenirs de WALE sans parvenir à trouver la forme appropriée (récit, manuel, guide touristique, encyclopédie ?), j'ai amassé, oublié, modifié tant de bribes que je ne sais plus par où commencer.
Disons par la lettre A.

A comme "Avatars" parce que ce sont eux qui donnent son nom au monde de WALE : Whastor, Antifer, Lydia et Ethel. A aussi comme "athée", puisque l'une des particularités de ce monde est qu'il ignore la notion de Dieu créateur et même, en fin de compte, de dieux au sens ordinaire du terme.
Si les djinns et les elfes croient en quelque chose, c'est dans les étoiles, car la transmigration des âmes est réglée par un culte astral et leurs accouplements par une astrologie complexe ; les gnomes révèrent bien des "créateurs" mais ce sont les laksiens, des extra-terrestres dont ils sont les seuls à garder la mémoire sous forme de séries de zéros et de uns ; les nains vouent un culte à une sorte de panthéon, cela est assurén mais celui-ci est constitué par le "Marteau" de la "Forge", le "Wagonnet" de la "Mine", la "Pierre" de la "Voûte" ou encore "l'Alambic" de la "Brasserie"... ; bien que tous les craignent et connaissent leur pouvoir, on ne peut pas dire non plus que les dragons soient des dieux : ils ont nommés toute chose et leur langue commande aux êtres, mais ils sont mortels, paresseux et indifférents à ce que pensent les autres races ; quant aux nouvelles races, parmi lesquelles les hommes, ils n'ont pas développé de véritable religion avant de rencontrer les esprits du plan astral qui devinrent les démons.
On parle parfois d'Ethel comme du "Dieu endormi" et de Whastor, Antifer et Lydia comme de ses "Avatars", mais tout le monde sait (et la Geste n'en fait pas mystère) qu'Ethel n'était à l'origine qu'un démon parmi les autres et que les avatars furent des aventuriers un peu trop chanceux.
La Geste, qui tient lieu de "théologie" commune pour les trois obédiences, rapporte que les démons se mirent à pulluler quand l'âge des dragons fut révolu. Des esprits du plan astral parvinrent à trouver un point d'ancrage dans le plan matériel et leurs pouvoirs croissaient en fonction des offrandes qui leur étaient faites. Les humains surtout, mais aussi les cyclopes, les félys, les formoirés et les vampires, les adoraient volontier car ils y trouvaient de précieux alliés face aux anciennes races (surtout les dragons encore réveillés, les djinns tyranniques et les elfes carnivores). Même si leur aide fut déterminante, finalement, l'insatiable appétit de ces démons se révéla une calamité pour l'empire des hommes : leur hégémonie à peine établie, ils se déchirèrent en luttes intestines alimentées par les rivalités entre cultes démoniaques. Les démons les plus puissants étaient ceux qui exigeaient les sacrifices les plus sanglants. Il était loin le temps où un esprit des sources offraient à un village sa protection contre les raids elfiques en échange de quelques boisseaux de blés et d'une écuelle de baies sauvages. C'est dans ce contexte de guerres civiles perpétuelles qu'Ethel se fit remarquer : ce démon ne se nourissait en effet que des cauchemards de ses adorateurs, et il leur dispensait en échange le réconfort, l'illusion du bonheur et, parfois, un peu de sagesse au cours de leur sommeil.
La Geste indique que ce démon des mauvais songes, à force de dévorer les hantises des mortels, fut ému de leur désespoir et qu'il offrit un rêve plus beau que les autres aux nouvelles et anciennes races (car de nombreux elfes et nains s'étaient convertis à divers cultes démoniaques) : le rêve de la paix, le rêve d'un monde débarrassé des démons. Ce rêve prenait la forme d'un appel pour les aventuriers les plus puissants de ces temps anciens. Ils devaient trouver un "arbre blanc", s'y rassembler et y attendre une révélation.
Quand celle-ci eut lieu, les trois aventuriers les plus puissants autour de l'arbre blanc étaient Whastor, un invincible guerrier humain balafré qui venait d'arriver, Antifer, l'un des plus grands mages de tous les temps, elfe hermaphrodite à la peau sombre qui avait disparu sous terre depuis plus d'un siècle, et Lydia une druidesse sylvestre qui s'étaient mise en méditation au lieu de rencontre avant même que l'arbre ne pousse, un millénaire peut-être donc avant que la prophétie ne se réalise. Ils devinrent les hérauts d'Ethel, ses Avatars, et répandirent son culte en exterminant les autres démons (et parfois aussi leurs adorateurs...). Puis ils rejoinrent Ethel sur le plan astral et eurent une seconde révélation.
Revenu sur le plan matériel, ils administrèrent le monde en son nom : Whastor unifia les royaumes civilisés, Lydia parcourut la nature sauvage, Antifer explora les entrailles de la terre.
Mais ils ne purent dissimuler longtemps la nature de la seconde révélation : Ethel s'était endormi et avait abandonné le monde "réel" à son sort ; il laissait à ses trois Avatars le soin du monde matériel. Alors des résistances se firent jour : débarrassés des démons, les peuples ne ressentaient plus comme autrefois la nécessité de soutenir les avatars, d'autres ne les avaient jamais accepté, certains démons s'étaient dissimulés et sortirent de leur retraite. Plus graves, des dissensions naquirent entre les trois avatars et ce fut la "grande divergence" : trois interprétations différentes du message pacifique d'Ethel se développèrent de façon contradictoire. Whastor insistait sur la justice et l'ordre comme condition de la paix, Antifer sur la liberté et le mouvement du progrès, Lydia sur l'équilibre et le respect des différences. Les obédiences de l'Ordre, du Chaos et de la Balance en résultèrent.
Comme on le voit, les Avatars ne sont pas de véritables dieux : ils sont d'origine mortelle et, deux mille ans après leur avènement, personne ne sait s'ils sont encore en vie ou s'ils sont devenus des sortes de démons subsistant sur le plan astral et n'agissant qu'aux travers de leurs adorateurs. Il faut souligner que le culte des Avatars proscrit les sacrifices autres que symboliques (il est normalement interdit de faire couler le sang en leur nom), mais cette règle de base commune est souvent enfreinte durant les guerres de religion modernes. La foi en Ethel existe, mais elle se résume en la croyance que le dieu endormi se réveillera un jour et ramènera la paix. Les obédiences ne sont pas non plus des religions, plutôt des philosophies, des préceptes dérivés de certaines valeurs et des manières de comprendre le monde.
Ajoutons que la représentation des avatars est variable selon les obédiences : les loyaux ne représentent que Whastor et selon un modèle qui varie peu, les chaotiques représentant Antifer sous toutes sortes de formes et font de nombreuses satires obsènes des autres avatars, les neutres représentent peu Lydia, sous une figure plus ou moins maternelle ou sévère, et ils vénèrent aussi des images de l'arbre blanc.